Sous contrôle s’inscrit directement dans la continuité de mes pièces précédentes comme Nous étions jeunes alors ou Dans la zone intérieure en travaillant des thématiques chères à l’anticipation, renvoyant ainsi, plus ou moins précisément, à des auteurs tels que James G. Ballard, William Gibson, Philip. K. Dick, John Brunner, voire Don De Lillo. Mais le recours à ce genre chez ces auteurs, comme ici, ne vise pas à nous embarquer vers une quelconque réalité lointaine, il sert avant tout à nous parler d’aujourd’hui.

Il s’agit alors moins d’offrir un regard critique, salvateur, à une modernité toujours plus difficile à saisir, que de tenter de témoigner de sa complexité, d’énoncer un certain vertige de cette “fiction globale”, de cette “réalité intégrale” (pour reprendre les termes chers à Jean Baudrillard). Tenter d’orchestrer un certain chaos contemporain, une certaine cacophonie du vivant.

De manière plus générale, Sous contrôle s’inscrit ainsi dans la continuité de toutes mes autres pièces, parce qu’elle essaie de dresser un portrait de notre dépossession contemporaine, de notre désincarnation, notre devenir image, fantôme. Parce qu’elle essaie de rendre sensible cette perte du sens, cette virtualisation des corps, cette désappropriation de la parole.

Sous contrôle est une pièce acide et (malheureusement) drôle, une pièce sur le regard et sur la question du contrôle des corps qui en découle. La mettre en scène, c’est se poser la question de la dimension politique du regard. Dans un monde qui serait perpétuellement perçu à travers l’objectif d’une caméra, Politique et Spectacle ne finiraient-ils pas par se confondre ? C’est essayer de trouver comment poser au mieux cette question : QUE SE PASSE-T-IL QUAND IL N’Y A PLUS QUE DU VISIBLE ?