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Quai ouest

mise en scène Rachid Zanouda

: Note d'intention

Il y a dans Quai Ouest une notion de la tragédie, au sens fort du terme, qui doit apparaître dans la représentation théâtrale, donc dans le traitement de la mise en scène. Il est, à mon sens, très important de prendre en considération la destinée et l'évolution poétique des personnages pour extirper l'œuvre de son carcan social (sinon elle est réduite à un simple fait divers). Comme à l'époque de la tragédie grecque, Quai Ouest est une pièce qui doit participer à l'amélioration de la Société Humaine.
Bernard-Marie Koltès fait se rencontrer, dans un lieu hors de tout, de l'ordre du néant, deux personnes que rien ne lie si ce n'est cette quête dont ils ne donnent, ni l'un ni l'autre, le nom. Cette quête va devenir, très vite, le noyau de la pièce. La direction du jeu se fera en lien direct avec cette quête que Charles impose, sans forcément le vouloir, aux autres personnages ; je veux dire que l'acteur qui interprètera Charles deviendra le chef d'orchestre de la pièce. Chaque mouvement, chaque choix, chaque action de Charles ont un impact physique sur tous les personnages et donc sur la pièce elle-même.
L'espace scénique où se déroule l'action ne peut pas être rendu logique et il n'est pas nécessaire d'essayer de le rendre logique (je pense, en vérité, que c'est impossible). J'ai la forte conviction que plus la pièce avance et plus le hangar subit le chaos du récit, ce qui le rend dédalique. L'espace est bouleversé par l'évolution des personnages et de la pièce, il en devient incohérent. C'est dans ce lieu qui, au fil de la pièce, ressemble de plus en plus à un labyrinthe que les personnages sont obligés d'évoluer ; un espace connu mais qu'ils ne reconnaissent pas à cause de ce qu'il s'y passe (ou ce qu'il ne s'y passe pas, selon où l'on se situe). Le lieu devient alors un univers brut où tout est à (re)faire où chaque individu devient étranger à l'autre.
Le théâtre (le plateau) est un outil où la langue de Koltès parle du monde d'aujourd'hui sous forme de fable. Les personnages, dans un souffle tragédien et dans une culture classique du théâtre grec, voire shakespearien, nous renvoient à des questions politiques avec un langage poétique, simple et directe.
C'est dans la langue que Bernard-Marie Koltès met à disposition des personnages, que se situe le mouvement politique de la pièce, et c'est dans un état de plateau déstructuré que la violence sociale résonne.

Rachid Zanouda

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