«Comment dire ?

Je n’ai jamais vraiment eu les mots pour moi ...»

Premiers mots d’«Ouvrière» de Franck Magloire.

Moi aussi, j’ai toujours volé les mots des autres. Je ne sors pas de l’usine, pourtant il s’est établi immédiatement une étrange connivence entre cette ouvrière et moi qui suis comédienne.

Elle m’a dit sans amertume la difficulté d’être une femme au travail, m’a chuchoté à l’oreille le temps qui passe et ses renoncements, elle m’a parlé aussi de fierté, de résistance, a fait vibrer chez moi quelques-unes de mes heures les plus intimes. Au fil de la lecture, c’est comme si on s’était pris par la main et que je n’avais plus qu’à laisser sortir son souffle.

Une envie irrésistible m’est alors venue d’incarner cette parole ; je veux dire que l’écriture de Frank Magloire m’a bouleversée au point d’avoir envie qu’on l’entende, au point d’être devant cette évidente nécessité : aller à l’essentiel avec l’étonnante musicalité de cette langue, ses moments de respiration lyrique, y dessiner le mouvement et l’espace sans jamais perdre l’émotion, faire résonner ses mots clairs avec simplicité, légèreté et fluidité.

Donner à voir et à entendre tout simplement cette «(....) ouvrière particulière, toutes les ouvrières (...)» enfin toutes les femmes. C’est pour moi saluer le courage au quotidien, c’est être attachée aux personnes qui continuent à croire à quelque chose, c’est être dans la vie !

Catherine Gandois