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Nuits à Bagdad

+ d'infos sur le texte de Mohamed Kacimi
mise en scène Paul Golub

: Notes de mise en scène

I. Les Mille et Une Nuits face à la guerre


Nuits à Bagdad va mettre en confrontation deux trames narratives : celle de la guerre qui se déroule actuellement en Irak et celle amenée par les contes des Mille et Une Nuits.


Dans la réécriture contemporaine que propose Mohamed Kacimi, une oeuvre universelle de la littérature se trouve ainsi confrontée à la violente actualité du monde, la fragilité des mots à la tyrannie du pouvoir, la résistance de Shéhérazadeà la dictature du roi Scharayar, la femme à l’homme.


Le spectacle se déroulera selon la logique d’un rêve entrecoupé par les réveils brutaux de la réalité : la succession des scènes structurée non pas nécessairement par une continuité narrative cohérente, mais par une suite d’histoires, d’images et de mots en résonance.


Dans le Bagdad d’aujourd’hui une jeune femme prépare un spectacle de marionnettes autour des Mille et Une Nuits. On aimerait penser que, comme une sorte de Shéhérazadecontemporaine, elle transforme la folie de la guerre par la seule force de ses mots. Héroïne des temps modernes, elle ne change quand même pas le cours de l’Histoire, mais témoigne du vertige du présent ; du martyre d’un peuple ; de l’horreur des massacres fratricides ; de la monstrueuse et maladroite machine de guerre des Envahisseurs ; de la survie précaire d’une pensée indépendante ; de la souffrance des femmes.


Du « réel », le spectacle bascule dans l’imaginaire des Mille et Une Nuits, les contes et leurs personnages surgissant non comme un échappatoire mais comme une réalité parallèle où le pouvoir des mots et de l’art permet de comprendre, de réparer, d’aimer.


Positionnement fragile des deux Shéhérazadequi, partant de l’éphémère, essaient d’atteindre l’éternel.


Ici, il n’y a nulle conclusion didactique hormis l’espoir, qu’après la brutalité de l’Histoire, perdure le pouvoir de la poésie.


II. Le pouvoir des mots et l’amour passionnel


Loin d’être un livre de contes pour enfants, Les Mille et Une Nuits est un fabuleux recueil d’histoires : fables épiques, histoires érotiques, contes de fées, allégories politiques, anecdotes mystiques et comédies où le pouvoir de l’imagination et la puissance des mots sont célébrés comme autant d’antidotes à la mort.


De cette multitude d’histoires, de situations humaines, de voix qui nous parlent, émerge - en dialogue avec l’histoire contemporaine de la guerre - la deuxième trame narrative, celle de la folie amoureuse. L’amour passionnel, parfois jusqu’à la mort, parfois jusqu’à la rédemption, devient un des leitmotivs inlassablement décliné et renouvelé du livre et du spectacle.


À travers six ou sept contes méconnus du grand public, cette partie du spectacle se structurera comme un voyage initiatique à la rencontre de l’amour. Intégrant de la musique, des chansons, mais aussi des marionnettes et projections, les comédiens passeront de conte en conte, de personnage en personnage, avec comme fil conducteur la lutte de Shéhérazadepour rester en vie par la seule force de sa parole.


La scénographie est celle d’une chambre de jeune femme. Ce lieu apparemment réaliste devient un espace transitionnel où se confondent les images de la guerre et l’imaginaire des contes, en écho aux rêves éveillés que sont Les Mille et Une Nuits, livre mythique, à mille et un tiroirs, suspendu entre la nuit et l’aube, entre la vie et la mort.

Paul Golub

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