theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Maxa on the rocks »

Maxa on the rocks

+ d'infos sur le texte de Thomas Canonne
mise en scène Thomas Canonne

: Entretien avec Thomas Canonne

Quelle est votre définition du genre “opéra rock”, que l’on met souvent à toutes les sauces ?


Finalement, il existe assez peu d’opéras rock, et tous sont différents. C’est un genre qui reste à inventer. Pour nous, qui fonctionnons par séries de contraintes, il s’agit de prendre l’expression “opéra rock” au pied de la lettre, à savoir une forme qui n’est ni une comédie musicale ni l’adaptation scénique d’un “concept album”, mais bien une oeuvre dramatique musicale – entièrement chantée, sur de la musique rock – pensée et écrite pour la scène.
Une fois cette règle établie, le jeu était évidemment de la détourner. Je crois que Maxa on the rocks est un opéra rock forain.


Maxa est une actrice de Grand-Guignol. Comment se passe ce pacte incongru entre Guignol et rock’n’roll ?


Rock’n’roll et Grand-Guignol sont des mots qui vont très bien ensemble. Je voulais écrire une histoire sur la mort, la peur, la toxicomanie et le spectacle, qui soit en même temps une histoire amusante, voire libératrice. Ce sont des thèmes récurrents dans les deux genres. L’univers du rock, dans ses figures, son iconographie, a très tôt intégré le folklore grand-guignolesque. Le Grand-Guignol est un genre théâtral désuet et mort, souvent réactionnaire.


Il ne s’agit pas pour nous de le ressusciter mais il nous touche et nous stimule par sa poésie, son imaginaire, et son potentiel comique. Joué et chanté sur de la musique rock, ce registre génère d’énormes bouffonneries mais aussi une certaine violence. Le caractère parfois “fascisant” du rock, de la pulsation qui fait marcher en rythme et force l’adhésion du spectateur, participe au grand jeu de notre mystification.


De qui Maxa on the rocks serait-elle l’héritière dans l’histoire de l’opéra rock ? Et dans le cinéma fantastique?


Difficile à dire, le spectacle est fait d’éléments vraiment très hétéroclites… Je dirais 200 Motels de Frank Zappa, pour les choeurs et les voix bizarres, et au cinéma : Phantom of the Paradise de Brian De Palma, pour son esthétique à la fois baroque et psychédélique.


Vos précédentes créations, La Nonne Sanglante et Le Moine, baignaient déjà dans le fantastique ?


C’est de la lecture des surréalistes et de ceux qu’ils ont désignés comme leurs précurseurs (Poe, Lewis, de l’Isle- Adam, Nodier, Jarry…), que nous est venu ce goût pour le fantastique. Dans Le Moine et La Nonne, le délire fantastique était mis en regard avec le discours religieux.
Dans Maxa on the rocks, si fantastique il y a, il provient d’une écriture basée sur la répétition comme métaphore de la toxicomanie, de la vitesse comme métaphore du spectaculaire, de la reproduction de scènes absurdes et de la profusion de motifs et de personnages aberrants jusqu’à la saturation et la désintégration totale. Ensuite, il y a le côté bricolage. Au théâtre, même avec peu de moyens, beaucoup moins qu’au cinéma, même avec “juste un bâton”, le possible n’a pas de limite. Jouer avec les codes de la représentation, montrer les ficelles, les changements de décors, les trucages, les coulisses, plutôt que de faire et d’imposer l’illusion, n’enlève rien au fantastique. Cela raconte cette grande quête de l’épique, cette nécessité vitale qu’ont les hommes de s’inventer et de raconter des histoires.


Propos recueillis par Françoise Deroubaix (NTA)

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.