: Les corps-mémoires
Dans la tenue fragile de nos constitutions, à travers les bouleversements permanents auxquels nous avons tous à faire face, à travers lesquels nous devons nous déterminer, et qu’il nous faut parler
Parcourir certains lieux du monde avec comme seule fonction celle du poète.
Certains lieux intimes
Enthousiasmes, humours, stupeurs, cauchemars, absurdités, colères, légèreté salutaire
Compter avec l’inéluctable et l’irrésolu : nos mémoires immédiates et celles plus englouties dans le fouillis passé
Au commencement j’avais une boussole et une paire de jumelles, c’est ce dont je me souviens.
J’avais des yeux et des oreilles durant ce périple et l’ambition de « faire parler ce monde »
Chaque corps raconte, au commencement il y a l’Homme
Dans cette compression, la présence
Les Hommes dégringolés : des successions d’intensités constituées en blocs compacts physiques, compressions d’intense bonheur ou d’intense douleur ou d’intenses vides ou d’intenses plénitudes : à chaque fois dans une situation et un lieu différents.
Le corps et sa narration sont au centre de ces courtes délivrances et propulsent l’écriture où je l’attendais pas
Ce texte a engrangé de nombreuses rencontres qui ont à chaque fois influencé et nourri la parole puis sa position (la prise de parole)
Avec Olivier Werner, l’aventure continue et fidèle à elle-même ingère et se modifie de nouveau, prend corps, invente son langage, celui de la scène
Mettre en jeu, en scène des enjeux collectifs, prises de paroles précises où le produit du corps raconte
Reconstituer la trajectoire intime de ces corps-mémoires
Symptômes collectifs
L’énergie de la délivrance (ce qu’on dit, ce qu’on voit)
Spasmodique, narratif, visuel
Légèreté et décalage de formes : des mots d’ordres, des mots d’équipe
Je tiens maintenant une caméra pour poursuivre cette narration avec Olivier, j’enregistre des images fixes et en mouvements : de nouvelles intensités
Simplement regarder sans négligence aucune
La position des acteurs, des metteurs en scène, du poète est toujours physique
Et cela est réjouissant, gourmand, évident et sophistiqué, comme au théâtre, ça tombe bien.
Christophe Huysman
Octobre 2000
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