LENGA est une forme unissant au plateau un acrobate, acteur, chanteur et danseur Xhosa sud-africain ayant grandi dans les Townships de Cape Town ; un danseur Merina de Madagascar pratiquant l’exhumation rituelle des morts, formé à l’acrobatie dans les rues d’Antananarivo ; un danseur, acrobate et comédien venant de Gensac-sur-Garonne en France, passionné par son voisin paysan ; et un musicien occitan multi-instrumentiste épris de continuité entre « tradition » et « contemporanéité », au point de questionner les biens fondés de ces catégories.

Ensembles, les quatre performeurs disent et sont des fragments de langues, de cultures et de natures dynamiques qui, aux frontières de l’abandon, en chair et en jeu, s’expriment librement dans l’épreuve virtuose des corps. Ils donnent une épopée gestuelle et physique d’idiomes visibles et dansés, pluriels, liés à la nécessité d’une « diversité biolinguistique » résistante, transmise... joyeuse malgré l’ombre qui approche.

Au plateau, ce récit des appartenances est ponctué d’extraits de films où, tandis que leurs petits-fils dansent, les grands-mères des acteurs, filmées en Afrique du Sud et à Madagascar, parlent Xhosa et Merina en soulignant les enjeux de la transmission linguistique et culturelle. Au coeur des singularités et de la grande histoire – Apartheid, désastre écologique, esclavage, libertés, dominations économiques – se dessine en creux le portrait d’un ascendant manquant, l’extrême fragilité des héritages culturels et l’abandon à la fois forcé et choisi d’une langue, annonçant parfois la destruction d’une bribe d’humanité.

Alors que se tarissent la diversité humaine, les langues, l’écologies des pratiques et des natures, LENGA offre un récit de traductions entre les corps et prononce un mot au travers de plusieurs langages et arts de faire : « différent ».

Cette écriture est la première d’une série intitulée La Guerre des Natures.