: Note d'intention de Claire Deluca
Marguerite Duras disait : "Le Shaga est la chose la plus folle que j’ai jamais écrite". C’est en août
1967 qu’elle nous donnait les premières pages de ce texte qu’elle allait développer au cours des
répétitions en travaillant avec nous. Elle modifiait sans cesse son écriture. Nous découvrions
ensemble la vérité scénique de chaque passage et avec ses comédiens elle prenait possession du
Shaga. Expérience exceptionnelle, dont elle parlait d’une manière qui, aujourd’hui, peut
surprendre : "On ne peut pas écrire pour le théâtre en dehors du plateau. Pour moi, la part du jeu des comédiens est égale, dans la création théâtrale, à la création de l’auteur." Marguerite Duras
nous faisait confiance. Elle était attentive et amicale. Les répétitions du Shaga restent un souvenir
de bonheur et de rires. J’aime cette pièce où le langage est remis en question. Je voulais savoir
quel accueil pourrait lui faire le public actuel.
Alors j’ai établi une nouvelle version et cherché un complice, un co-metteur en scène pour
m’accompagner dans cette nouvelle aventure du Shaga. Jean-Marie Lehec a accepté d’écouter les
enregistrements des répétitions avec Marguerite pour que nous puissions rester, avec fidélité,
dans son univers tout en y apportant notre propre regard. L’empathie qui existe entre nous
consolide et éclaire notre travail. La proximité du public de la petite salle Christian-Bérard
permettra aux comédiens d’être au plus secret d’eux-mêmes, dans une interprétation que
Marguerite Duras voulait "d’une extrême simplicité". Nous avons choisi une économie de moyens
scéniques pour essayer d’approcher l’indicible dans les arcanes de la folie de ce Shaga, d’où
émergent "une gaieté essentielle et un pessimisme très joyeux".
Claire Deluca
10 juillet 2011
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