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Le Funambule

+ d'infos sur le texte de Jean Genet
mise en scène Pierre Constant

: Une ligne infinie et une cage

En 1955, avec sa rencontre d’un jeune acrobate Abdallah Bentaga, Jean Genet sort d’un long tunnel de stérilité, et vit non seulement sa plus belle et plus dramatique histoire d’amour, mais aussi sa période la plus riche pour le théâtre : Le Balcon, Les Nègres, Les Paravents. C’est le temps de sa réflexion magistrale sur les voies de la création. Trois essais majeurs en témoignent : L’Atelier d’Alberto Giacometti, Le Secret de Rembrandt et Le Funambule. Ecrit pour Abdallah, c’est un long poème d’amour, mais aussi son Art Poétique : variations sur une dramaturgie du cirque, du théâtre et de la danse, réflexions sur l’artiste dans le monde, solitude et ambivalence de l’acteur, va-et-vient entre effacement et gloire, ombre et lumière, mal et bien, apparence et réalité, profane et sacré. Tous les thèmes y sont tendus comme le câble d’acier. Abdallah, initié par Jean Genet, le féconde, à son tour du chant le plus pur pour celui qui l’a inspiré. Miroir l’un de l’autre, ils se recréent dans une fascination réciproque, un croisement d’images et de reflets. L’un par l’autre ils s’accomplissent et accomplissent l’œuvre. Le funambule s’est suicidé en 1964 ; il avait 28 ans. Jean Genet en concevra une responsabilité et une douleur qui ne s’effaceront jamais ; les derniers jours de sa vie, il ne parlait que d’Abdallah à ses proches.


Après vingt années d’attente, un premier essai du passage de l’écrit à la parole dite se fit en 1988 sur le fil. Vingt ans plus tard, retour sur les lieux du « crime », replongée dans la profondeur des mots par une autre approche sans le fil cette fois, radicalement différente. Il est des textes fondateurs pour celui qui les rencontre qui peuvent tracer et éclairer une ligne de vie ; la quête du sens devient alors obsessionnelle, sans espoir de résolution, mais nourrie par l’entêtement de l’amour.


Imaginons les dernières heures de Jean Genet : dans la chambre-cellule où l’on découvrira son cadavre, il déroule le fil rêvé d’Abdallah, incarnation lumineuse de l’érotisme et de la mort comme acte absolu de création. La solitude et la nuit génèrent le soliloque. Il se parle, il lui parle, il interroge les mystères de leur art et ceux du mouvement entre la naissance et la fin. L’harmonica bat le pouls d’une danse à remonter le temps, rythmée par deux mesures du Requiem de Mozart, « en moins d’une heure, le temps d’une agonie vécue et jouée… » Au matin, ils se sont rejoints dans un corps unique, charnel et spirituel.

Pierre Constant

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