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La Commission centrale de l'enfance

+ d'infos sur le texte de David Lescot
mise en scène David Lescot

: Les maisons d’enfants en France après la Seconde Guerre Mondiale

Au lendemain de la guerre, les organisations juives de France se retrouvèrent face au désarroi de nombreux orphelins, fils et filles de déportés juifs, la plupart d'origine polonaise, russe, roumaine mais également salonicienne ou apatride (Allemands du Reich). Diverses associations, actives depuis l'entre-deux-guerres, organisèrent des structures afin de les recueillir, de leur donner une éducation et une formation pratique, de les insérer dans la société française tout en leur offrant la possibilité de se rattacher au judaïsme. Elles étaient financées majoritairement par les associations juives américaines (en particulier le Joint) avec l'aide de l'État.
Il y eut une cinquantaine de ces maisons d'accueil en France, pour environ 3 000 orphelins de la Shoah. L'histoire de ces « maisons de l'espoir » débute pendant la guerre après les rafles de 1942, lorsque les associations juives et non juives prennent conscience de l'urgence de cacher les enfants. En zone occupée, des réseaux se constituent sous l'impulsion du Comité de la rue Amelot, des Éclaireurs israélites, des groupes Solidarité proches des Juifs communistes, et grâce à la mobilisation de la population non juive. En zone sud, seule l'OSE (Œuvre de Secours à l'Enfance) et dans une moindre mesure les EIF ont la capacité d'ouvrir des maisons.
Pendant la guerre, ces lieux ont accueilli jusqu'à 1 000 enfants jusqu'à leur fermeture à la fin de l'année 1943, et l'on considère en outre que plus de 10 000 enfants en France ont pu être cachés chez des particuliers ou dans des institutions religieuses, ou encore passés en Suisse et sauvés ainsi des griffes du nazisme et de leurs auxiliaires français. Mais on compte également 9 600 enfants juifs de moins de 16 ans déportés vers les camps de la mort.
À la fin de la guerre, l'objectif de ces associations fut de rassembler les enfants éparpillés dans les campagnes, dont beaucoup d'orphelins désormais. Ces enfants, qui représentaient après la Shoah l'avenir et l'espoir de la survie du peuple juif en France, seraient élevés et éduqués en collectivités. Chacune a son projet, en fonction des grandes orientations qui ont toujours uni et divisé le peuple juif : traditionalistes ou laïques, inscrites dans un mouvement politique ou simples œuvres d'assistance. Elles sont pluralistes à l'OSE (Œuvre de Secours à l'Enfance) implantée en France depuis les années trente, sionisantes à l'OPEJ (Œuvre de Protection de l'Enfance juive) rattachée, de même que la Colonie scolaire, à la Fédération des Sociétés Juives de France représentant les juifs immigrés non communistes.
Les maisons communistes regroupées dans la Commission Centrale de l'Enfance (CCE) sont une émanation de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE), très implantée dans le monde yiddishophone, lecteur de la Naïe Presse. Le petit Cercle amical bundiste revendique également une appartenance politique socialiste, mais se rattache au judaïsme par le biais de la langue et de la culture yiddish. Ces lieux de vie, avec leurs ambiguïtés, leurs échecs et leurs réussites, ont tous eu la même volonté : rendre aux orphelins sortis de leurs cachettes après la guerre une identité qui leur fût propre, leur donner un cadre de vie spécifiquement juif et les élever dans un défi commun à la Shoah.


D’après Kathy Hazan, Les Orphelins de la Shoah, Les Belles Lettres, 2000.

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