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La Chaîne

mise en scène Ludovic Pouzerate

: A propos de la pièce

La Chaîne est tout sauf une pièce à thèse. Elle n’est pas un théâtre de la preuve mais de l’épreuve, de l’éprouvé. Elle n’a pas été écrite là où se logent les grandes idées politiques sur le monde, mais là où concrètement le monde énerve, insupporte, rend fou. La question de la révolte qui traverse son écriture, s’incarne ainsi avec nerfs et poésie.
La Chaîne n’a pas non plus cette facture réaliste du théâtre dit « social ». L’écriture singulière qui l’anime semble pousser dans le corps même de ceux dont elle parle. Abandonnant les codes traditionnels du réalisme qui représente le monde en tentant de l’objectiver, de le poser devant soi, La Chaîne arrache de l’intérieur du monde ouvrier, une réalité de chair et de mots. Point de vue organique sur les usés et les abusés de l’usine. Le spectateur, contrairement à un théâtre plus conventionnel, n’est donc plus là pour se représenter un monde social que l’auteur et le metteur en scène dévoileraient, mais pour sentir, éprouver, ce que la désappropriation de soi chez l’ouvrier signifie dans son corps et son inconscient. La Chaîne, ce titre apparemment si simple, contient en substance les éléments fondamentaux de la pièce : sa poétique, sa métrique, sa fable, son inconscient.


Car une chaîne est plus que le lieu où se fabriquent des objets en série. C’est aussi et surtout là où s’engendrent malgré eux des hommes en série, des hommes dont le corps et l’être profonds sont pris dans cette chaîne. Un tel espace de travail renferme une force symbolique écrasante qui contamine la vie privée, le corps amoureux, la cellule familiale, la pensée intime de chacun. La chaîne se prolonge donc au-delà de l’usine et travaille au corps, donc l’inconscient, tous les travailleurs à qui elle soumet son tempo inexorable et infernal : « Tiens la cadence et le silence, le reste n’a pas d’importance. » Telle est la parole de l’un des ouvriers de La Chaîne qui donne aussi son chemin à tous ces acteurs de théâtre qui auront à travailler aussi dans la cadence et le silence si marqués, si profonds, de cette pièce de révolte.

Guillaume Clayssen

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