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L'Homme qui penche

+ d'infos sur l'adaptation de Marc Feld ,
mise en scène Marc Feld

: Entre le regard et la main

De l’infime à l’infini

Un livre sur l’alcool, une cure de désintoxication dans un hôpital psychiatrique près de Bordeaux.
Un récit âpre, sur la souffrance intérieure, sur l’isolement d’une fraternité absolue et essentielle où l’humanité de Thierry Metz apparaît intrinsèquement liée à son écriture. La parole, ici, a la fragilité d’une brindille et en même temps, la puissance d’un arbre dont les racines puisent leur sève au plus profond de la terre; dans nos entrailles.
De l’observation de ceux qui l’entourent, de leurs différences, de la souffrance qui émane de chaque être croisé dans ce lieu, Thierry Metz, avec une infinie retenue et une délicatesse de tous les instants, esquisse un miroir qui nous rassemble et sans doute nous ressemble. Comme toujours, chez lui, l’approche de l’autre dans sa fragilité de vivre est la matière même de son livre.
Dans ce travail, nous voulons faire ressentir aux spectateurs la force et la justesse de cette écriture qui place Thierry Metz parmi les plus grands de la littérature. J’envisage ce spectacle comme un voyage, de l’infime à l’infini, de l’indicible à la phrase la plus nue, vers le mystère de vivre ; en regard des vertiges et de l’ivresse qui nous habitent tous.


Sur la scène vont se mêler dans une dramaturgie des passages :


Un acteur, porteur d’une parole parcimonieuse, de gestes infimes.
Le jeu se construit et s’élabore «entre la brindille et la forêt».
La voix et le corps, passerelles fragile entre présence et absence, force et faiblesse, proximité et lointain.


Des images filmées par Jean-Jacques Nguyen dans un hôpital psychiatrique.
Des visages, des corps, mais également l’extérieur, jardin, ciel, arbres : traces de l’instant embrasé, bribes de gestes entre le temps et l’éphémère, entre la nuit et son désert.


Un musicien, Jean-Jacques Franchin : sa musique, chambre d’écho perpétuel au texte, accompagne la parole et le jeu de l’acteur ; lueur douce et sauvage qui éclaire le réel, elle fait aussi résonner, au-delà des mots, les visages et les corps filmés pour le spectacle.


En 1995, j’adaptais et créais au théâtre un autre texte de Thierry Metz : «Le journal d’un manoeuvre». A la suite de ce spectacle, une amitié forte est née entre Thierry et moi.
Comme je pratique autant la peinture que le théâtre, j’ai fait venir Thierry à l’atelier.
Le désir de faire un livre ensemble, mêlant un texte à venir et mes travaux de peinture nous a semblé évident, comme le prolongement d’une conversation amicale. Thierry est venu souvent à l’atelier, il regardait longuement les travaux, nous échangions à peine quelques mots dans ces moments-là, mais l’intensité de ces instants m’a toujours bouleversé. Il repartait pour Bordeaux avec des dessins, le livre se fabriquait hors de mon regard, dans le secret de sa chambre d’écriture.


Un jour, en visite à l’atelier, il m’offrit un livre, «L’homme qui penche». En l’ouvrant je découvrais cette dédicace : «C’est un peu chacun de nous, Marc, entre le regard et la main. Un jour, espérons-le, il y aura un rapprochement dans les distances.»
C’est de cela qu’il s’agit pour moi dans cette création: «Ce rapprochement dans les distances».


Peut-être est-ce la fonction même du théâtre : établir une fraternité poétique autour d’une écriture et d’une parole.

Marc Feld

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