: Histoire d’ombre
De L’Étrange Histoire de Peter Schlemihl de Chamisso à L’Ombre d’Andersen, en passant par Peter Pan de James Barry,
l’ombre constitue un motif privilégié des contes parce qu’elle permet d’explorer les thèmes de l’identité et du double.
Est-elle un simple reflet ou bien la part obscure de la personnalité ? Que signifie connaître l’autre ? Qu’est-ce que l’autre
me renvoie de moi-même ?
J’avais été très impressionné enfant par le conte d’Andersen, dans lequel un scientifique, reclus dans son cabinet de travail,
cède aux instances de son ombre qui veut parcourir le monde et goûter le sel de la vie en lui accordant sa liberté.
L’ombre finira par usurper l’identité de son propriétaire et prendre définitivement sa place.
L’invention de doubles, dans l’enfance comme à l’âge adulte, permet non seulement de faire face aux avatars de l’altérité,
mais encore d’appréhender nos propres contradictions. Dans la pièce, la jeune princesse tombe amoureuse de
l’ombre et non de son propriétaire. Cet amour parviendra à renverser l’ordre des choses : tandis que l’ombre prend
petit à petit consistance et poids dans le monde réel, le prince détesté se désagrège pour devenir l’ombre de son ombre.
C’est donc une nouvelle personne qui fait son apparition. Au terme d’un voyage initiatique à travers le royaume en
guerre, où la princesse renonce à tout pour sauver celui qu’elle aime, jusqu’à devenir l’ombre d’elle-même, elle pourra
enfin contempler le visage du « vrai » prince. À moins que ce ne soit le « vrai » visage du prince. L’amour, le courage et
la volonté ne sont-ils pas susceptibles de faire sortir de l’ombre le meilleur de nous-mêmes et de l’autre ?
Olivier Balazuc
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