Il y a dix ans, lors d’une représentation dans un petit théâtre de l’est parisien, un acteur a surpassé les lois de la physique et a provoqué une explosion nucléaire en jouant, faisant disparaître un pays de la carte et toute sa population.

Depuis, les artistes du spectacle vivant ont tous disparu, exterminés par la population.

Un seul représentant de cette espèce a survécu, gardé en captivité sous haute surveillance, surnommé l’acteur nucléaire, on le libère, ce soir, pour qu’il prenne la parole, qu’il s’exécute et fasse revivre sous nos yeux le théâtre, une dernière fois.

Mais l’acteur, de par l’étroite relation qu’il entretient avec la lumière, avec la matière, avec l’homme, est loin d’avoir dit son dernier mot...

Il entre en scène comme un zombi, vide d’homme et de sens. Il commence par redécouvrir péniblement le plateau, puis, la parole. Soudain, un texte est lancé, un texte créé et ressassé pendant dix ans dans une cage. Les vannes sont ouvertes, l’acteur parle pour de vrai.

Puis vient l’heure des réminiscences, il se souvient des indications de mise en scène, des directions d’acteurs, il réveille l’acteur, les phrases emprisonnées dans les murs, les didascalies, les mécanismes qui animent le théâtre et la voix du technicien.

Il se retrouve traversé par les textes et les revit. Il rejoue le théâtre, remonte jusqu’à ses origines et se retrouve emprisonné dans un texte tout en didascalies.

Enfin, il vient parler à l’homme, contre qui il nourrit une certaine rancoeur, il vient lui parler de sa disparition, dès lors annoncée.

Pris dans une nostalgie incontrôlable, il lance un ultime cri d’amour à la scène avant de se mettre, lui aussi, à entrer en fusion et de mourir comme on meurt au théâtre…