theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Kyoto Forever 2 »

Kyoto Forever 2

mise en scène Frédéric Ferrer

: Note d'intention

« Kyoto Forever » est le nom d’un scénario scientifique d’évolution du globe terrestre


J’ai découvert, il y a 7 ans, dans une revue scientifique, une étude qui décrivait plusieurs scenarii de développement des sociétés humaines au vingt-et-unième siècle. Deux des critères pris en compte étaient le degré de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’augmentation de la température terrestre. Dans un scénario, les chercheurs supposaient un arrêt des progrès dans les engagements internationaux et leur gel aux niveaux atteints dans le protocole de Kyoto. Les objectifs de réduction définis à Kyoto étaient ainsi étendus à tout le siècle et se traduisaient par une élévation rapide des températures et une accélération des phénomènes du réchauffement. Les chercheurs ont donné un nom à ce scénario : Kyoto Forever.


« Kyoto Forever » est aussi le nom d’un premier spectacle créé en 2008


Huit experts-conférenciers étaient réunis autour d’une table de négociation et tentaient d’élaborer une « feuille de route permettant de se mettre d’accord sur le procédé à mettre en oeuvre pour se mettre d’accord » en vue d’avancer dans la rédaction d’un nouveau protocole contraignant concernant les émissions de gaz à effet de serre.


Pour l’écriture de ce spectacle j’avais bénéficié d’une accréditation du Ministère des Affaires étrangères et pu accompagner la délégation française à la conférence de l’ONU de Bonn en juin 2008. Le texte du spectacle se nourrissait ainsi de cette immersion dans le concret de ces immenses assemblées que sont les négociations pour une gouvernance mondiale du climat.


Avec « Kyoto Forever 2 » les experts reviennent


Le projet Kyoto Forever 2 s’inscrit dans le prolongement et la continuité du premier spectacle. C’est comme une suite, un épisode 2, une nouvelle tentative (artistique) de trouver un accord afin de limiter la hausse des températures sur le globe terrestre. Les principaux acteurs diplomatiques sont toujours là, mais de nouveaux sont apparus, les questions sont les mêmes, mais elles sont plus urgentes.


Il y aura donc à nouveau 8 hommes et femmes. Acteurs internationaux. Pour un théâtre du monde.
Une assemblée de représentants, sérieux, missionnés, costumés, cravatés, tentant de trouver une solution pour les générations futures et l’avenir du globe.


Il y sera question du ciel, du réchauffement et de l’anthropocène. Il y sera question de l’ONU. De l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, de la fonte de la glace et de la montée des eaux, de la protection des forêts, du fond vert, du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, de la limite des 2° celsius, du CO2 et du méthane.
De la Chine, du Brésil, des Etats-Unis, de l’Union Européenne, des autres pays développés, des pays en voie de développement, des intérêts pétroliers, de l’avenir des petits Etats insulaires.


Il y sera question de négociations, de tractations, de couloirs, d’accords et de désaccords, de nouvelle gouvernance, de feuilles de route, de croissance et de courses effrénées, de persuasion et d’efficacité, d’espoir et d’engagements.


Il y sera question des experts et des politiques. De leurs débats, de leurs échanges, de leurs tentatives de trouver un accord. De leurs vies, leurs combats, leurs désirs. D’ordinateur, de micros et de traduction, d’organisation et de gestion, de repas, de nuits, de machines à café et de ping-pong.


Il y sera question du globe terrestre. Et de ceux qui le pensent. De ceux qui le mettent en jeu. Et lui cherchent un devenir.


Les Conférences de l’ONU sur le changement climatique sont éminemment théâtrales. Les trois unités (lieu, temps, action) sont en effet réunies et font ainsi (involontairement ?) théâtre de cette diplomatie du climat, où l’intensité dramatique est souvent à son comble. Je veux à mon tour faire théâtre de ce théâtre.
Pour regarder autrement le monde.
Et peut-être contribuer à la nécessaire imagination du futur, et d’un possible devenir sur la Terre.
(et puis dire aussi ici que ce projet puise sa nécessité intime dans une fréquentation assidue depuis ma tendre enfance du Dr Strangelove de Stanley Kubrick, et de cette idée que l’on peut tout à la fois penser et rire du monde).


Je travaille l’écriture du spectacle à partir de différents matériaux que j’emprunte au réél de ces négociations de l’ONU. Ils sont issus des drafts des accords, de leurs différentes versions, d’enregistrements in situ, de prises de parole publiques, de discours officiels, de documents scientifiques, de rapports, courbes, graphiques, vidéos, projections, visuels, d’entretiens avec des experts et spécialistes de ces questions du changement climatique et des négociations… Ces différents matériaux permettent de partir d’un principe de réalité pour nourrir l’imaginaire, la fiction, la narration et les jeux (allers et retours) avec le réel lui-même.


Cet aspect du projet est essentiel, il en est le fondement. Ceci a des conséquences sur l’écriture textuelle et scénique du spectacle puisqu’elle s’invente et se modifie au fur et à mesure que l’objet réel observé - c’est à dire ici le processus de gouvernance climatique onusien – advient, se manifeste et évolue.


Or le réel observé pour ce spectacle est en cours d’effectuation. Puisque la conférence de l’ONU observée n’a pas encore eu lieu…


L’écriture se nourrit donc actuellement de tout le processus scientifique et diplomatique permettant de préparer la Conférence « Paris climat 2015 », la COP 21, qui aura lieu en novembre et décembre 2015.
C’est dans ce contexte que j’ai pu bénéficier d’une accréditation du gouvernement français afin d’assister à la conférence de Lima (préparatoire à celle de Paris) en décembre 2014 / la COP 20.


J’en ai ramené de nombreux matériaux, et une envie de travailler encore et encore sur ce théâtre du globe.

Frédéric Ferrer

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.