Une troublante réincarnation du poète visionnaire, « suicidé par la société »…

Le 13 janvier 1947 au théâtre du Vieux-Colombier, devant un parterre qui, d’André Breton à Gide, réunissait tout le gotha artistique et intellectuel de la capitale, Artaud le Mômo ne parvint pas à lire les feuillets qu’il avait apportés. Seuls quelques cris, quelques mots chargés d’une insondable souffrance s’échappèrent de lui, plaçant l’assistance dans un état d’indicible malaise…

Il s’agit avec ce Tête à Tête, c’est certain, d’aller au réel, guidé par les signaux de détresse d’un homme seul, et qui, comme d’autres êtres seuls, ne se résigne pas à voir l’humanité entière s’échouer sur les rivages mous où règnent en maîtres les microbes de la connerie, comme disait cet autre grand poète, Léo Ferré.

Gérard Gelas