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Far Away

mise en scène Pascale Henry

: La pièce

Trois personnages
Joan, petite fille à l’acte I, devenue adulte à l’acte II
Harper, sa tante
Todd, un jeune homme dont Joan tombera amoureuse


Joan, seul personnage présent dans les trois actes, est, en quelque sorte, le fil continu, le corps féminin que Caryl Churchill plonge de l’enfance de la vie à la responsabilité de sa vie de femme, dans les turbulences du millénaire.


Trois actes.
Pas d’unité de temps et de lieu ici. L’unité de temps est dans le corps du spectateur et Joan celle qui passe avec nous d’acte en acte.
Il faut faire le saut. D’un acte à l’autre, ne pas chercher la continuité dans une logique de narration, mais ce que guette et poursuit l’auteur à travers cette saute de temps et presque de style.
C’est cela même que la mise en scène devra accompagner.


à l’acte I, une nuit, Joan, petite fille, va découvrir l’horreur qui l’entoure.
Elle est chez sa tante Harper, et elle a entendu un bruit.
Affectueusement, dans un dialogue qui est une pure merveille car on perd pied lentement, Harper va répondre aux questions de l’enfant et l’initier finalement à ce qui se passe autour d’elle.
Ce que nous ne saurons pas, c’est, si ce qui se passe est juste ou terrible…


à l’acte II, jeune adulte, elle officie dans une usine de création de chapeaux extraordinaires. C’est une artiste. Elle rencontre Todd avec qui elle découvrira les questions, la révolte, le plaisir de la création éphémère. Car les chapeaux de l’usine qui les emploie et les exploite sont destinés à être portés par les condamnés à mort et périssent avec eux, à l’exception des rares qui ont le premier prix et qui finissent dans les musées. Terrible interrogation sur le libre arbitre…


à l’acte III, c’est dans une atmosphère de guerre totale que l’on retrouve Joan qui a épousé Todd et qui sont réfugiés chez Harper.
Le monde entier est en guerre. Les crocodiles, les Coréens, les Hollandais, les cerfs, les dentistes lettons, les bouchers thaïlandais, tout et tout le monde est en guerre. A l’instar d’un jeu vidéo. Caryl Churchill invente là un fantastique dialogue entre Harper et Todd où pointent sensiblement les engagements de chacun au milieu de ce chaos épouvantable, la gravité, le poids de cet engagement, les désaccords sur le fond mais où l’absurdité saute à la figure et arrache le rire, salvateur.


Le récit final, terrifiant et parodique, de Joan, vaillante héroïne qui a réussi à les rejoindre esquisse l’ouverture :


« ...qui va mobiliser l’ombre et le silence ? c’est ce que je me demandais dans la nuit. Le troisième jour, je ne pouvais presque plus marcher mais je suis arrivée devant le fleuve. En amont, il y avait un camp de soldats chiliens, mais ils ne m’ont pas vue, en aval il y avait quatorze vaches blanc et noir qui buvaient de l’eau et j’ai su que c’était là que je devais traverser.
Mais je ne savais pas quel parti le fleuve avait pris, il pouvait m’aider à nager mais il pouvait aussi me faire me noyer.
Au milieu le courant était très fort, l’eau était brune, je ne savais pas si ça avait un sens. Je suis restée sur la berge pendant longtemps. Mais je savais que c’était ma seule chance d’arriver ici, alors à la fin j’ai mis un pied dans le fleuve. L’eau était très froide mais jusque-là c’était tout. Quand on vient juste de mettre le pied, on ne sait pas ce qui va suivre. Et l’eau vous entoure les chevilles de toute manière »

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