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Fracas

+ d'infos sur le texte de Olivier Brunhes
mise en scène Olivier Brunhes

: Intention

Notre époque semble d’une fragilité absolue, monde précaire à qui l’on ne prête que quelques décennies d’avenir. Nous naviguons au jour le jour - dans la terreur le plus souvent - avec l’idée de voir tout disparaître, basculer, s’inverser. On est de gauche ou de droite jusqu’à ce qu’on change d’avis, on vit en couple temporairement, on travaille… jusqu’à quand ? Et la santé menace de nous lâcher ! Jusqu’aux états, nos propres pays deviennent faillibles ! L’exemple le plus parlant est peut-être celui de ce trader célèbre qui semblait maitriser des milliards pour se retrouver en prison du jour au lendemain. Zou ! Hop ! Par ici la sortie ! Hier soir encore, dans les communiqués de presse, on signalait le suicide d’une petite fille de neuf ans qui a inscrit dans son cahier d’écolière « j’en ai assez », avant de se jeter par la fenêtre. Je voudrais, dans le spectacle que je suis en train d’écrire, que ceux dont la vie a basculé, ceux qui sont « passés de l’autre côté » - ces acrobates dansant au dessus de la mort - évoquent leurs moments de vertige, leurs différences, les instants où, pour eux, tout a changé. « Passés de l’autre côté », l’expression est rassurante quand on croit être du bon côté du manche, c’est toujours dans les yeux de l’autre que l’on se rend compte qu’on est « de l’autre côté ».


…Vaisseaux fantômes et mystérieux, personne à la barre.
Grands voyageurs du vide, ils errent loin des pesantes réalités du monde, funambules pitoyables mais glorieux, parce que sans retour…
Je travaille avec un groupe d’acteurs cosmopolites composé : de comédiens en situation de handicap, d’anciens détenus, de SDF et d’autres acteurs encore sauvages comme des saumons de rivière.
Nous cherchons à parler de ces moments où la vie bascule irréversiblement, lorsqu’on passe à travers le miroir, lorsqu’on réalise qu’on n’est plus dans les canons des normes. Les moments de rupture. Je ne cherche pas à traiter l’anecdote, le témoignage. Je cherche à écrire la pulsion qui déclenche la violence, la misère, le dérèglement, l’internement.
Je cherche à trouver le chant qui pourrait exprimer ces instants de prise de conscience nouvelle, ces raptus. Ce sont des esclaves qui, dans des champs de coton, se sont mis à chanter pour transcender leurs détresses : le blues est né, il nous émeut. C’est un chant (au sens poétique du terme), un pot-pourri d’images, de paroles jetées en pâture que je souhaite restituer dans ce spectacle. C’est cela que j’écris et que nous préparons comme une partition.

Olivier Brunhes

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