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Dom Juan

+ d'infos sur le texte de  Molière
mise en scène Anthony Magnier

: Note d'intention

"Réfléchir au choix d’un prochain spectacle est toujours un moment palpitant. C’est un saut dans le vide. Le travail à accomplir va être considérable, nous allons vivre obsédés pendant un an, passant par des moments de doute, d’enthousiasme, de découragement, d’évidence, de conflit, de fatigue et de joie jusqu’à la première.


De l’alchimie entre le texte et les comédiens, le décor et les costumes, la lumière et la musique, va naître le spectacle. Il est déjà là, en nous, il nous faut le révéler et s’y abandonner.


Le territoire peuplé de chefs d’œuvre théâtraux est tellement vaste qu’il est facile de s’y perdre.


La jungle s’éclaircit, ne reste que quelques pièces, dont une qui nous regarde dans les yeux.


Elle nous regarde car elle porte en elle tous les espoirs.


Si Dom Juan nous passionne toujours c’est parce qu’il nous demande quels hommes nous sommes, quels choix nous faisons, quelles peurs nous hantent, quelles influences nous assaillent.


Il est celui qui ne veut pas croire, ni en lui, ni en l’homme, ni en Dieu.


Il est celui qui aime et celui qui veut.


Il est celui qui n’écoute que son désir.


Il est celui qui sait que la mort est proche.


Il est l’homme seul, accompagné de Sganarelle, accompagné de ses peurs.


Si Dom Juan ne connaît pas la peur, Sganarelle en est la représentation.


Sganarelle a peur de tout, tout le temps, il exprime tout ce que Dom Juan dénigre.


Il est celui qui pleure en écoutant Elvire quand Dom Juan rêve à sa prochaine conquête. Il est celui qui se cache quand Dom Juan se bat. Celui qui pense aux conséquences quand Dom Juan ne pense qu’aux actions.


Molière reprend ici le personnage que Tirso de Molina a créé, qui fut plus tard revisité par la Commedia dell’Arte et par de nombreux auteurs. Mais il ne se contente pas de le confronter à la notion de fidélité et de blasphème, il amène Dom Juan face au père, aux créanciers, à l’hypocrisie, à l’honneur, au courage, à la foi.


Il en fait un être fascinant par sa liberté, mais effrayant par son égoïsme.


L’histoire de Dom Juan, c’est l’histoire d’une quête sans Graal.


Molière ne livre ici ni une pièce comique, ni une pièce tragique mais une pièce morale dont le 17ème siècle fourmille.


Il puise son inspiration dans les contes qui font parties de l’histoire de l’humanité. Ces légendes courantes qui confrontent l’homme à la mort. Cette mort qui s’invite à diner et qui dévore son hôte.


Mais « Molière a du génie », car il fait de cette pièce morale, de ce conte, une œuvre éminemment théâtrale.


Par ses personnages, d’une variété Shakespearienne, dessinés à la perfection : la tragique Elvire, ses frères chevaleresques, le père autoritaire, les paysans clownesques, Monsieur Dimanche dépassé, la statue effrayante et surnaturelle.


Par ce couple devenu mythique de Dom Juan et Sganarelle.


Par le comique qui est là, tapi dans chaque scène, faisant constamment passer le spectateur de l’effroi au rire, du drame à la légèreté.


Ici, il n’est pas question de le trahir, mais bien au contraire respecter ces couleurs et ces contrastes, tout en nous laissant aller à ce théâtre populaire, rythmé, drôle, physique et fantaisiste que nous aimons tant.


Comme à notre habitude nous abordons la scénographie et la mise en scène par la poésie et l’imaginaire, sans chercher des solutions naturalistes ou réalistes. Les costumes historiques, qui par leur beauté et leur élégance, nous aident à peindre les caractères de chacun.


Sur scène, six ou sept comédiens, représentant les quinze personnages de Molière, pas plus pour que chacun puisse y déployer ses talents, et pas moins pour conserver cette énergie de troupe qui nous caractérise.


Puis la musique, un trio à cordes sur scène, faisant se marier la pièce de Molière à l’Opéra de Mozart (Don Giovanni), des parties chantées par les comédiens. Une musique qui vient également apporter à certaines scènes une tension qui nous rappelle que derrière le rire, nous assistons aux dernières vingt-quatre heures d’un homme."

Anthony Magnier

février 2010

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