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Corps de femme 2 - Le Ballon ovale

+ d'infos sur le texte de Judith Depaule
mise en scène Judith Depaule

: Intention

Dans l’histoire du sport, la morphologie et les résultats des sportives ont très tôt éveillé des soupçons quant à leur excès de virilité. Quand leurs performances ont menacé les records masculins, certaines ont été suspectées d’être des hommes. En 1948, les sportives, disputant des compétitions internationales, sont tenues de fournir un certificat médical attestant de l’authenticité de leur sexe. En 1964, elles doivent subir un examen gynécologique avant les épreuves. En 1967, l’examen gynécologique est remis en cause et remplacé par le test de Barr qui met en évidence les chromosomes X des sportives à partir d’un prélèvement buccal. Les athlètes qui réussissent le test se voient délivrer un certificat de féminité. En 1992, un nouveau test consistant à repérer la présence du chromosome Y le remplace. En 1999, le Comité International Olympique suspend les tests de féminité, mais de nombreuses fédérations continuent à les appliquer. Aux jeux olympiques de Pékin, un laboratoire de détermination du sexe contrôle les sportives à la morphologie suspecte et, en 2009, Caster Semenya, jeune coureuse de 18 ans, a dû subir, à son corps défendant, des tests pour éliminer les soupçons qui pesaient sur sa personne suite à sa performance sur 800 m aux Championnats du monde. Une absence de poitrine, une voix grave, des biceps plutôt avantageux et des chronomètres étonnants ont suffi à mettre en émoi le monde de l’athlétisme. Aucun test de masculinité n’a été à ce jour envisagé, mais plus la femme s’émancipe, plus elle doit prouver qu’elle reste une femme authentique et adopter les marqueurs obligés de la « féminité ».


En suivant des sportives dans quatre pays de l’Union Européenne (Pologne, France, Turquie, Allemagne), Corps de femme cherche à explorer les différentes perceptions du corps de la femme et les critères de féminité, à interroger et à combattre un certain nombre d’idées reçues. Quelle est la situation de la femme dans l’Union Européenne, à l’heure où celle-ci revendique l’égalité hommes femmes comme principe fondateur de son programme politique ? Le projet se tourne volontairement vers des sportives qui s’adonnent à des sports considérés comme physiques et masculins (lancers, lutte, haltérophilie, rugby..). Quelle relation ces sportives entretiennent-elles avec leur corps et leur féminité, comment vivent-elles le regard des autres, la question du désir, à quels sacrifices sont-elles prêtes pour pratiquer leur sport, comment vivent-elles leur vie de femme? Quelle est la place de ces sportives, rarement considérées à juste titre ? Les médias les délaissent. Les sportives ne deviennent des vedettes qu’au jour de leur victoire ou d’un record, eu égard aux enjeux nationaux que représente une médaille ou un titre mondial.


En dialoguant avec ces femmes, en les filmant sur leur lieu d’entraînement et dans leur vie quotidienne, il s’agit d’explorer l’intime, le dit et le non-dit, voire l’indicible, d’interroger la question du genre et de la bicatégorisation des sexes : qu’est-ce que c’est qu’être femme aujourd’hui, peut-on réduire le féminin à une notion absolue ? Nos corps de femmes sont-ils modelés par des normes ?

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