"Le détournement de film est une pratique ludique (qui ne s’est jamais amusé à couper le son de certains films pour en réin-venter les dialogues ?) mais également politique. Détourner les images de leur contexte, les vider de leur sens pour leur en imposer un autre, c’est les mettre à distance, c’est opérer le décalage qui permet de mieux les questionner, de mieux en éprouver l’échelle de significations, tout en mettant en scène leur possible manipulation.
Ici, le geste du détournement n’est pas présenté comme résultat mais comme processus. D’un côté les images projetées, de l’autre côté les acteurs qui les doublent en direct. On voit la machine à l’oeuvre, le détournement s’opérer sous nos yeux. Le spectateur est alors témoin tout autant qu’acteur de cet exercice de déplacement. Libre à lui, à chaque instant, d’opérer la nouvelle synthèse entre l’image et le son ou de tenter de mettre à plat les partitions.
Les différents films utilisés ici ne le sont pas par hasard, ils sont ceux d’une époque où l’Amérique tente à travers l’image (fictionnelle ou documentaire) d’imposer au monde un certain nombre de comportements, de valeurs, d’idées, de modes pensée, de mythes, qui n’auront de cesse de rayonner tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle et jusqu’à aujour-d’hui.
En utilisant le prétexte d’une série B « catastrophe » inventée à partir de bribes de ces films des années 50, c’est donc la représentation d’un certain mode de vie, d’une certaine codifi-cation des comportements, que nous tentons ici avec ironie de révéler."

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