Depuis octobre 2014, neuf élèves du conservatoire ont travaillé à déterminer pour eux- mêmes ce qu’est, ou ce que devrait être, la fonction du théâtre. Ils ont été invités à énoncer une proposition écrite qui devait répondre à la question suivante :

« D’où vient que tu fais du théâtre ? » Ce fut fait. Les travaux qui résultent de cette réflexion font partie intégrante de la représentation.

Chacun d’eux a ensuite traversé une figure singulière du théâtre du XXème siècle. Ces figures, il s’agit pour la plupart de metteurs en scène, bien que la place de l’auteur, de l’interprète ou du spectateur soient mises en jeu. Ce travail est rendu possible grâce à l’improvisation des comédiens qui vise à construire la dramaturgie. Il y a aussi un texte d’Alain Badiou pour ossature dramaturgique ; comme un phare dans la pénombre de l’improvisation.

Sur la scène, nous assistons à la rencontre des aspirations de tous sous le prisme d’une situation fictionnelle de crise du théâtre. Celui qui doute qu’il y a bien crise, nous le renvoyons à sa propre expérience de spectateur. Qu’il se demande s’il a régulièrement l’impression de vivre au théâtre quelque chose d’inouï, de vivre réellement une expérience absolument nouvelle. C’est tout de même le primat de l’art que de faire l’expérience du sensible. Et, sur ce point, il nous semble que le théâtre est paresseux parce qu’il ne se préoccupe pas assez de sa fonction. Pour ceux qui en font, pour ceux qui y viennent, et pour ceux qui n’y viennent pas encore.

L’idée de ce travail est également née des discussions vives que chacun peut avoir avec ses ami(e)s à propos de tel(le) artiste ou telle pièce de théâtre. En définitive, on s’aperçoit que ce qui nous sépare ne relève pas de la préférence esthétique ni de la qualité de la cérémonie théâtrale, mais bien de la fonction qu’on attribue au théâtre et qui nous détermine par rapport à ce que l’on voit.

Ce que peut essentiellement un émancipé, c’est être émancipateur : donner non pas la clef du savoir mais la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne. Ce qui nous abrutit, ce n’est peut-être pas le défaut du savoir, mais la croyance en l’infériorité de son intelligence.

Le maître ignorant, Jacques Rancière.

Pour inquiéter le plateau et notre dramaturgie aidée des écritures desdites figures, nous faisons appel à des ressources documentaires. Il s’agit pour nous d’examiner le siècle qui s’éteint pour éclairer celui qui s’ouvre.

Avec :

Estelle Babinot / Charlie Bourdet / Loïc Carcassès

Suzanne De Baecque / Charlotte Fox / Esther Garrel

Vincent Girardin / Guilhem Lanternier / Coralie Tomi.

Mise en scène : Justin Jaricot.

Dramaturgie collective.

Vendredi 22/05/2015
Conservatoire "Gabriel Fauré" du 5ème arrondissement de Paris
12, rue de Pontoise
75005 Paris

Samedi 12/09/2015 - 20:00
Espace Odilon Redon
21, route de Bièvres
91370 Verrières-Le-Buisson