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Suzanne Lebeau

Canada

Présentation

S’adresser aux enfants avant toute chose. Québécoise, Suzanne Lebeau vit et travaille au Québec, mais est traduite et jouée partout dans le monde. En France, elle est considérée comme un des chefs de fil du théâtre pour enfants. Née en 1948, Suzanne Lebeau, qui s’est formée à Montréal mais aussi à Paris auprès d’Étienne Decroux, a d’abord été comédienne, a joué Molière, Ionesco, Stoppard avant de fonder le Carrousel qu’elle anime avec Gervais Gaudrault depuis 1975, date à laquelle, par vocation et conviction, elle décide d’écrire pour le jeune public. C’est à lui très spécifiquement qu’elle veut parler du monde et lui dire deux ou trois choses des questions existentielles qui l’habitent et qu’elle refuse de taire lorsqu’elle écrit.

« Je veux, dit-elle, lui parler de la vie dans toute sa complexité, sans chercher à donner des réponses simples à des questions qui ne le sont pas. » Pour bien saisir les ressorts de l’écoute et rester en contact étroit avec le monde de l’enfance, Suzanne Lebeau se rend fréquemment dans les classes pour s’entretenir avec les enfants et anime de nombreux ateliers et pas seulement au Québec. Fruit de ces ateliers, mais aussi de l’observation ou de l’émotion que suscite une vie comme celle de Petit Pierre, l’écriture de Suzanne Lebeau court sur la frange ténue du réel et du conte, croise avec un bonheur rare l’humour et la douleur et raconte la différence, l’exclusion, qui vont souvent ensemble, et la conquête de soi.

L’importance de son oeuvre, riche d’une vingtaine de pièces, vaut à Suzanne Lebeau de nombreux prix et distinctions. Parmi ceux-ci : le Chalmers Children’s Play Award (l’équivalent des Césars ou des Molières) pour Les Petits Pouvoirs en1986, le Prix de la Francophonie jeunesse en 1995 pour Salvador qui lui valut également en 2002 le Prix littéraire de la citoyenneté de Maine-et-Loire. Elle a reçu également le Masque du texte original en 2000 pour L’Ogrelet , le Prix des Journées de Lyon des auteurs de théâtre 2007 et la Distinction de la Comédie française 2008 pour Le bruit des os qui craquent. En 1998, l’Assemblée internationale des parlementaires de langue française lui décernait le grade de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade pour l’ensemble de son oeuvre. Enfin, l’auteure a enseigné l’écriture pour jeunes publics à l’École nationale de théâtre du Canada pendant 13 ans et elle agit comme conseillère auprès des jeunes auteurs d’ici et d’ailleurs, contribuant ainsi à l’émergence de nouvelles écritures pour enfants.

La liberté c'est aussi d'écrire « dans » sa propre langue d'auteur et les résistances sont aussi coriaces sur la forme que sur le fond. Rarement de la part des enfants qui sont souples et disponibles... mais de la part des adultes qui deviennent extrêmement rationnels, cartésiens et tatillons quand il s'agit d'art et d'enfants. Ils exigent comme premier critère d'appréciation que les enfants aient compris. J'ai toujours envie de leur demander « compris quoi » ? La compréhension pure et dure est-elle la fonction première du théâtre ? Est-elle compatible avec la richesse de la langue, les couches de sens, la liberté à entrer dans un univers et en suivre les milles détours ? Pour que les enfants comprennent, dans les limites aussi étroites, il faudrait que l'auteur pense qu'il a la vérité, qu'il accepte de la dire... que chaque spectateur comprenne un message, le même et l'explique dans les mêmes mots. Je revendique le droit de ne pas avoir raison, de partager avec le public, adultes et enfants, un point de vue personnel contestable, partiel et partial. Je trouve simpliste qu'après un spectacle, les enfants soient astreints à le résumer. Raconter une histoire et la comprendre est l'abc du théâtre. Comme pour l'acteur d'apprendre le texte. La vraie force du théâtre est bien d'avantage dans le non-dit, dans les traces que la lumière, les silences, le rythme ont laissé dans l'inconscient de l'enfant qui vont le nourrir à son insu pendant des années... ce qui est peu mesurable. Comme la frontière se déplace perpétuellement sur ce qui peut se dire aux enfants ou pas, selon les courants, les modes, les époques et selon chaque adulte qui se sent pris à partie ou qui réfléchit à la question, j'ai choisi de rester dans un processus de questionnement permanent et près des enfants.

Suzanne Lebeau - 2002 - Théâtre Dunois (75013 Paris)

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