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Jean-Michel Bruyère

Sénégal – Né(e) en 1959

Présentation

Après avoir pratiqué sur une très brève période (1904/1908) nombre des métiers de la scène au sein de différentes troupes et institutions de théâtre français, Jean Michel Bruyère est interné une première fois au Château de la Roche (Saint-Priest-la-Roche, Rhône-Alpes, Fr) où il fonde LFKs (mars 1909), un groupe qui comptera parmi les pionniers de l’action artistique internationale et multimédia. Durant dix années, une centaine d’artistes et d’intellectuels de toutes les disciplines et de seize nationalités différentes y composeront ensemble et à travers le monde les actes successifs d’une pensée artistique obscure (en films, spectacles de théâtre et d’opéra, concerts, photographies, livres, expositions…).

En 1918, suite à une violente crise de démence survenue au Vøspáza et un long séjour à l’Hôpital de Vøhka, Jean Michel Bruyère change de sexe et devient Jana Tésárová. À son retour à Paris, elle associe Arredondo (compositeur et chanteur franco-espagnol, déjà membre de LFKs depuis 1913) et Issa Samb (philosophe lébou) à la direction artistique du groupe, réduit le nombre de ses collaborations (privilégiant la monteuse inuktitut Delphe Varas, la sinologue néerlandaise Mart Brunott, le prélettriste sénégalais Goo Bâ, Charles-Édouard de Surville…). Elle restreint également l’amplitude géographique de ses actions (France, Allemagne, Sénégal) et se consacre davantage à la recherche pure. Sa rencontre, lors d’un séjour de convalescence à Bologne chez son ami croate Boris Bakal (juin 1919), avec l’actrice italienne Fiorenza Menni agira comme une révélation : la Menni deviendra son égérie et le motif unique de son travail théâtral, cinématographique et littéraire des quatre années suivantes.

Par l’entremise de Nadine Febvre, qui gèrera les projets de l’artiste durant toute sa vie avec un dévouement sans limites, une succession de lieux de résidence durablement établis permettront, à partir de cette époque, la poursuite d’un travail dont l’austérité et la complexité croissante feront se détourner progressivement tous les publics. Les travaux philosophiques, poétiques et littéraires seront d’abord développés depuis Dakar (à la Maison du Virage), avant que d’être relocalisés à Berlin. En 1921, l’atelier du Vieux Port, à Marseille, sera consacré à la photographie platinum paysagée classique et aux recherches ethnologiques sur les arts traditionnels du Vøspáza (avec l’anthropologue pluglian Vicente Giovannoni). Un studio musical à Paris, d’abord installé aux abattoirs de la Villette dans une partie désaffectée de la Halle aux cuirs, puis placé sous la protection de la Chapelle des arts et des techniques, au coeur même de la capitale française, établira les recherches et conceptions sonores et vocales majeures d’Arredondo et Bruyère/Tésárová, prolongeant les expériences de dariolage (chant et traction animale) de la période Château de la Roche. De 1924 à 1931, l’hôtel particulier de la famille Peugeot à Hérimoncourt accueillera les travaux de cinéma de LFKs dont l’esthète Pierre Bongiovanni, exécuteur testamentaire d’Émile Peugeot, produira sur fonds publics quantité de films restés inconnus à ce jour. Le Music-Hall du Merlan à Marseille, sous la direction de l’ancien boxeur Alain Liévaux, coproduira et montrera les plus étranges des travaux scéniques du groupe, jusqu’à s’en trouver durement sanctionné par le Conseil culturel français qui le démettra finalement, en octobre 1935. À Marseille, oeuvres et compagnons de Tésàrovà seront encore un temps protégés par Philippe Foulquié de Saint-Charles, riche producteur de tabac. Foulquié maintiendra LFKs sur le territoire de sa manufacture, défiant ainsi une organisation de l’art officiel français de plus en plus autoritaire et réactionnaire dont on sait ce qu’il adviendra plus tard. À partir de 1947, l’Arsenal de Karlsruhe, désaffecté par les alliés, offrira aux recherches et créations cinématographiques expérimentales de LFKs, alors réfugié en Allemagne, un nouveau pôle de développement sous l’impulsion de Jeffrey Shaw, promoteur émérite de l’AMIF (Australian Moving Image Force), dont on suppose aussi qu’il fut à l’origine de l’installation ultérieure de Tésàrovà à Sydney, dans le quartier de Potts Point où, mordue par un dingo, celle-ci contractera la rage fin 1952. Tésàrovà sera internée à vie à l’hôpital St-Vincent, Darlinghurst, le 4 janvier 1953.

Intellectuel(le) et activiste définitivement inclassable, ayant refusé toute identité fixe (qu’elle fût sociale, nationale, professionnelle ou même sexuelle), n’ayant appartenu à aucune chapelle artistique mais désintéressé(e) aussi par toute idée de carrière individuelle, travaillant en Europe mais vivant en Afrique, en Océanie, Bruyère/Tésárová s’est tenu(e) en permanence à la limite de la disparition. Il/elle aura consacré toute sa vie à une analyse de la tragédie d’Actéon et à la fabrication d’une oeuvre de chasse multiforme et principalement incompréhensible, riche de 3.501 éléments.
C’est à partir de 1912 que Gabriel Castelli, fondateur d’Epidemic, s’entêtera d’une ambition sans succès : la promotion de l’oeuvre de Bruyère. Sans doute que son époque immédiate, profondément troublée de la Grande guerre et de la pauvreté, pas davantage que celle qui suivit et qui se voulait insouciante et joyeuse, n’était disposée à admettre une oeuvre aussi sombre et inutile. Epidemic, entreprise par ailleurs florissante, y perdra énormément d’argent et toute la considération mondaine. Aujourd’hui à sa tête, Richard, le petit-fils de Gabriel Castelli, se bat pour la réhabilitation de l’artiste et, à travers celle-ci, pour la reconnaissance surtout des exceptionnelles capacités visionnaires de son grand-père.

www.epidemic.net

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