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Heiner Müller

Allemagne – 1929 - 1995

Présentation

Biographie

Figure emblématique de la scène théâtrale européenne de la seconde moitié du XXème siècle, Heiner Müller a construit son œuvre dramatique sur les ruines de l'après-guerre.

Son oeuvre, une vingtaine de pièces, utilise des restes, selon ses propres dires, des textes faits de plusieurs fragments écrits à des époques différentes, mais aussi des résidus d'histoire et des reliefs de sujet. Müller pose la question de l'homme confronté à la mort à travers des métaphores empruntées à la guerre, à l'érotisme et à la maladie. La chair et la viande sont les matières de l'homme et de l'histoire.

Ecrite à l'Est, son oeuvre regarde l'Ouest : "Entre nous croît un mur, regarde ce qui croît sur ce mur". Car Müller vit "au coeur de l'abcès par où l'histoire toutes griffes dehors peut ressauter au visage de l'Europe". Berlinois de l'Est, il a toujours travaillé librement à l'Ouest, son oeuvre est bâtie sur cette dualité.

Ses premiers textes comme L'homme qui casse les salaires (1956) ou La construction (1964) visent à une représentation critique des réalités économiques et sociales de l'Allemagne de l'Est, toute son écriture est largement traversée par l'histoire contemporaine et l'imaginaire de son pays.

Toutefois la majorité de sa production s'émancipe de ce contexte est-allemand en convoquant Homère, Sophocle, Shakespeare, Laclos, Nietzsche pour interroger notre modernité. Ses rapports avec les textes anciens sont alors envisagés comme un "dialogue avec les morts" : les réécritures qu'il propose ramènent le passé dans le présent, reconnectent des circuits interrompus et méditent sur les enjeux vivants qui les agitent, de façon à réactiver les possibilités encore en attente de ces textes. Ni adaptations, ni versions contemporaines des mythes, ni paraboles, Oedipe Tyran (1965-66), Philoctète (1958-64), Horace (1968), Héraklès 5 (1964), Prométhée (1967-68) s'entendent plutôt comme des dérives nouvelles à partir de très vieilles histoires connues de tous.

Nombre de ses pièces ont été créées à Paris : dès 1972, Bernard Sobel crée Philoctète, puis Matthias Langhoff en 1976. Mais s'il est un passeur essentiel de l'oeuvre de Heiner Müller, c'est Jean Jourdheuil, qui dès 1979 traduit et met en scène Hamlet-Machine et Mauser. En traduisant et en portant à la scène nombre de ses pièces (Paysage sous surveillance, La route des chars... ) Jean Jourdheuil va faire connaître les textes de Müller en France et bien au-delà de l'Hexagone. Il est l'artisan qui contribue à la publication de plusieurs recueils de pièces de Müller aux Editions de Minuit.

Au début des années quatre-vingt, Heiner Müller commence à mettre en scène certains de ses textes : La Mission (1980), sa réécriture de Macbeth (1982), L'homme qui casse les salaires (1988), Hamlet-Machine (1990), Mauser et Quartett (1991). En 1992, il devient membre du collectif de direction du Berliner Ensemble (fondé par Bertolt Brecht) et monte notamment La Résistible Ascension d'Arturo Ui (1995) de Brecht.

Pendant les dernières années de sa vie, Heiner Müller est particulièrement sollicité par les milieux théâtraux et musicaux, dans des circuits institutionnels ou plus alternatifs. Nombre d'artistes très différents, s'emparent des textes de Müller ; ainsi pour le théâtre Guy Rétoré (Prométhée - 1982), Philippe Adrien (La Mission - 1982), Patrice Chéreau (Quartett - 1985), Bob Wilson et dans le monde de la musique Pascal Dusapin, Wolfgang Rihm, Philippe Hersant, Georges Aperghis, le groupe rock Einstürzende Neubauten ou encore Heiner Goebbels.

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